Femme porteuse de handicap et travail

Les semaines ont passé sans que je revienne sur le blog ou, pour être plus sincère, j’y suis venue à plusieurs reprises mais l’inspiration n’y était pas. De nombreuses raisons à cela, de natures diverses. Entre autres, reprise de mon activité professionnelle après un an de congé parental, rentrée des classes du grand et pour moi, les débuts chez l’assistante maternelle pour la petite dernière, on ne zappe pas les heures de rééducation inscrites à l’emploi du temps, sans lesquelles je ne tiens pas le coup et les aléas de la vie.  Une reprise sur les chapeaux de roues, bien amorcée, 2 mois avant sa date officielle le 3 novembre.

handiFinalement, le handicap se sera rapidement invité au centre des discussions avec ma nouvelle hiérarchie, sans que je le mette spécialement en avant. Oui, j’ai l’habitude, oui, je suis rodée comme un vieille bagnole, oui, je suis forte, oui, j’en ai vu d’autres… Oui, oui et encore OUI! M’enfin bon… Je m’en passerais bien d’autant plus que tout cela n’a aucun impact sur les compétences que l’on me demande, mes résultats et les projets que je porte. Il semblerait que la perception que l’on peut avoir de moi passe à travers le filtre des quatre roues qui m’aident à me déplacer, bien avant de se soucier des actions que je mène, du rayonnement que je peux avoir sur le public auprès duquel j’interviens. Perte de temps, d’énergie, entre sensation d’épuisement moral et réelle fatigue physique puisque je mène « plusieurs vies » de front… Voilà ce qui en résulte alors que je suis tout simplement passionnée par mon métier, motivée et plutôt du genre dynamique.

Habituée de par mon cursus atypique à des déconvenues lors des entretiens d’embauche (« Oui, vous avez le profil de compétences, mais bon de là vous mettre en accueil du public… », « Oui, oui, moi aussi j’aimerais bien conduire une Porsche, mais quand on ne peut conduire qu’une 2CV, on s’en contente… », voilà pour les quelques brèves d’entretien d’embauche dont je me souviens.), et ce dès mes 18 ans. J’ai tout de même réussi à travailler dans le secteur privé à plusieurs reprises et non sans devoir tout prouver et avec des coups bas, pour des jobs peu rémunérés et pour lesquels il m’est arrivé d’être congédiée sans motif particulier et surtout sans être payée. J’ai toujours fini par avoir gain de cause, grâce à la ténacité et à la force de caractère qui m’habitaient déjà.

Le choix de travailler dans le secteur public s’est profilé au fur et à mesure de ma recherche d’emploi. Je voulais aussi représenter, montrer qu’on pouvait. J’ai fini par tenter les concours, à une époque où la RQTH n’existait pas encore. J’ai passé les concours parce qu’ils offrent l’anonymat, au moins pour la partie admissibilité. Pas de nom sur la copie. Et paf, la surprise pour l’admissibilité! J’ai été reçue à plusieurs d’entre eux (Air France, CNRS, Éducation Nationale), notamment pour ceux que j’ai passés pour l’administration. Au bout de 5 ans dans l’administration, j’ai fini par m’ennuyer intellectuellement parlant, physiquement trop sédentaire aller travailler me coûtait beaucoup. Lorsque mes trente ans ont montré le bout de leur nez, j’ai repris mis études et ai travaillé avec ferveur pour obtenir le CAPES d’allemand que j’ai préparé par le CNED, je me sentais enfin prête à exercer ce métier. Cette fois, la RQTH est là, mais le mode de recrutement phase 1 est le même que pour tout les autres et repose sur l’anonymat. Et là, on ne peut pas vous dire que vous êtes là par hasard quand votre nom figure sur la liste des admissibles. J’en ai bavé tout simplement, le concours est difficile, je ne rougis pas de vous l’avouer. Et une fois que vous l’avez, vous n’avez pas fini. Une année de stage loin de chez moi, casernée avec des contraintes qui ne sont pas respectées. Je vous passe le « on ne fait pas dans le social ici » que je me suis entendu dire, fraîchement reçue, alors que j’expliquais combien mon année de titularisation s’annonçait difficile et exténuante. Depuis, je fais ma place, on me connaît, je connais des générations d’élèves, les premiers que j’ai eus sont maintenant de jeunes adultes et ça me fait plaisir lorsque j’en recroise certains au hasard de la vie.

Mais, le fait est que, tous les ans, il y a un truc qui cloche au boulot… ça tourne souvent autour de la question du handicap et l’accessibilité. Et non, tous les établissements publics ne sont pas accessibles et je suis bien placée pour le savoir.

Au travers de la situation personnelle  que je vous confie se reflète la problématique de l’emploi des personnes handicapées, et plus précisément des femmes en situation de handicap. Ce thème a d’ailleurs été relayé par les médias nationaux au mois de novembre 2016 à l’occasion de la 20ème semaine de l’emploi des personnes handicapées. Le rapport au sujet de l’emploi des femmes handicapées du Défenseur des Droits, publié au même moment, recense les discriminations qu’elles subissent. Les constatations sont affligeantes et je n’ai pu m’empêcher de repenser à mon parcours et à celui d’autres femmes en situation de handicap que je connais. Vous vous y retrouverez malheureusement aussi. Les inégalités en terme d’accès à l’emploi et de parcours professionnel sont désignées, il y est également très clairement spécifié que le fait d’être une femme et une personne handicapée les dessert. La perception de l’entourage professionnel y est décrit de façon assez juste pour peu que l’on ne soit pas tombé sur les personnes qu’il faut.

Comme toute maman, je ne perds pas de vue que le fait d’être mère est également un critère très souvent discriminant en matière d’emploi ou de maintien dans l’emploi pour n’importe quelle femme, alors ajoutez-le au deux précédents et vous vous rendrez compte que l’on peut alors parler de « triple peine ». Et si je continue raisonnablement de m’inquiéter, chaque année qui passe me rapproche d’un critère rédhibitoire qui n’est autre que l’âge… Excusez-moi du peu, on parlera alors de « quadruple peine »….

Dans la presse du mois de novembre 2016 :

Article dans Libération

Article dans les Echos

Article dans Elle

Le site du Défenseur des droits

Heureusement, un espoir s’illumine du côté d’internet et de l’emploi en ligne et des nouvelles technologies.

 

 

 

 

 

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A propos Adeline

Porteuse de spina bifida, mariée, et maman de deux enfants. Mon expérience en lien avec l'association Handiparentalité : Première rencontre avec Florence en 2006 à l' Université Bordeaux 3. Adhérente de l'association depuis 2010. J'essaie d'apporter au mieux mon soutien (de coeur, permanent) aux actions de l'association. Participation en septembre 2012 à 12h "eau" delà du Handicap au Spadium de Langon. la même année, j'ai également participé à l'écriture de pièce du théâtre-forum.

5 réflexions sur « Femme porteuse de handicap et travail »

  1. Moi j’ai un angiome cérébral, je me de brouille très bien à l’oral, mais c’est des fois plus brouillon puisque j’oublie des choses. Même si je dois me lever plus tôt que les autres, comme la plupart de personnes victimes d’A.V.C, une voisine qui a travaillé à la CAF, 65 ans la dame, a dit que je n’étais pas autonome du langage,alors que travaillais ,cuisinais etc … seule.
    J’ai perdu la garde de ma fille pour un trouble de langage !!! J’ai passe 6 mois en hôpital psychiatrique.
    L’Angiome en question a été découvert 3 mois après la naissance de ma fille qui a 16 ans aujourd’hui. L e premier scanner, fait en 2001 après des passages aux urgences répétés.
    Je suis suivie depuis deux ans seulement pour cette pathologie a Saint Joseph en neuro. Rien que cette année, 5 fois en « Urgence ».
    Voila la méchanceté humaine n’a pas de limites , j’ai été licencie également comme mon handicap n’a été reconnu que depuis deux ans. J’ai eu une réputation de folle et n’ai pas pu bénéficier de rééducation.
    Moi suis née avec!!!
    J’étais une excellente élève bien qu’arrivée en France a l’age de 9 ans.
    Vers 16, 18 ans, certaines copines me disaient que je ne voyais pas (je me repère avec l’œil gauche, et comprenais pas certains.trucs.
    Me traitaient de « gogos », et j’ai donc arrêté mes études. En même temps j’avais pas les moyens pour et il fallait que je travaille .
    J’ai un Bac L et Un an de Droit. Hormis Animatrice en Arts Plastiques je n’ai fait que des jobs sous payes et sans intérêt, excepté du bénévolat également ou on m’a exploitée.
    J’espère trouver mieux en 2017. Joyeux Noël et Bonne Année a Vous Toutes et Tous !!!

    Bisous et bon Courage a Toutes et a Tous.

  2. Moi j’ai un angiome cerebral,me debrouille tres bien a l’oral c’est des fois plus brouillon ouble des choses meme si me leve plus tot que les autres ,comme la plupart de persinnes victimes d’A.V.C,une voisine qui a travaillais a la CAF, 65 ans la dame a dit que j’etatais pas autonome du language,alors que travaillais ,cuisinais etc .. que j’etais pas autonome du tout.
    Elle venait manger chez moi,ouvrais mes placardrs le tout bien pliee.
    Je ne sais pas ou on lui a enseigne la politesse a celle -la ,l’assistante social qui me suivais insistais sur le « valorisez vous  » au niveau des langyages. Ai perdu la garde de ma fille pour un trouble de language !!!
    Ai passe 6 mois en Hopital psychiatrique.
    L’Angiome en question decouvert 3 mois apres la naissance de ma fille 16 ans aujourd’hui !!! L e premier scanner, fait en 2001 apres des urgences repetes aux 15/20 pour uveites a repetitions, IRM, et Artheriographie en 2001.
    Suis suivie depuis deux ans seulement pour cette pathilogie a Saint Joseph en neuro.
    Rien que cetre annee 5 fois en « Urgence ».
    Voila la mechancete humaine n’a pas de limites ,ai ete licencie egalement comme mon handicap n’a ete reconnu que depuis deux ans ai eu une reputation de folle et n’ai pas beneficie de reeducation egalement.

  3. Je tiens à apporter tout mon soutien à vous toutes les femmes en situation de handicap ! On ne peut que vous admirer de pouvoir jongler avec toutes ces embûches sur votre parcours et ce pour certaines depuis la naissance ! Bravoooo à vous toutes ! Florence je t embrasse très fort , je pense à toi et ta petite famille

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