Maman handicapée visuelle, handi-actu Besancon

Françoise Dallerey est handicapée visuelle. Son oeil droit est inopérant. Grâce à une lentille de contact, sa visibilité, sur l’oeil gauche, avoisine les trois dixièmes. C’est peu, mais suffisant, affirme t-elle. Cela suffit, par exemple, à être autonome dans la maison et à être capable d’exercer un métier qui exige de la précision comme c’est le cas au CHAT du CCAS* de Besançon, mais aussi et surtout, pour s’occuper de sa fille Océane, 10 ans – comme si de rien n’était…
Tant bien que mal, Françoise combat son handicap.

Depuis toujours, Françoise déploie beaucoup d’efforts pour faire en sorte que son handicap passe inaperçu et n’occasionne aucune gêne pour son entourage. Ce n’est pas toujours réaliste reconnaît Françoise : Océane a bien compris que je n’arrive pas à lire les panneaux d’affichage du train et que les petits caractères du programme télé sont mes ennemis… Mais le pire, c’est lorsqu’ Océane était bébé, j’ai voulu lui couper les ongles de pieds…et j’ai coupé un bout de peau… ». Depuis, c’est le papa d’Océane qui a pris le relais. Idem pour le récit de « l’histoire du soir ». Car Françoise doit éviter de « forcer sur son oeil ». Cela dit, cela ne l’a jamais empêchée de préparer les biberons, l’oeil rivé aux unités de mesure… En effet, Françoise déteste plus que tout déléguer ce qui a trait à sa fille. Au mieux, elle tolère qu’Océane lui donne la main pour l’aider à arpenter certains sites, comme dernièrement à Consolation* où elle distinguait la surface de la montagne, mais pas le relief… Aux dires de leurs proches, Françoise et Océane sont deux bouts de femmes qui entretiennent une relation très fusionnelle, très complice.
Depuis Océane, c’est la fête des mères tous les jours
Depuis, qu’Océane est entrée dans la vie de Françoise, c’est un peu la raison d’être de bonne humeur de la famille. Océane n’est pas avare en câlins et ça tombe bien parce que c’est le genre de témoignages d’affection que sa maman adore.
Océane est son trésor le plus précieux, doublement précieux puisqu’elle ne lui a pas transmis son handicap de vision, ni celui de son papa. Un point très important, avouera Françoise. A l’écouter parler de sa fille, on dirait que contempler son enfant suffit à son bonheur. Cette fascination, Françoise l’a éprouvée depuis l’instant où, à la maternité, elle a posé pour la première fois ses yeux sur sa fille. Dès les premiers instants de sa vie, Océane a fait de légères convulsions. C’étaient les prémices d’une hémorragie cérébrale et Françoise qui a donné l’alerte a tout fait pour qu’elle soit rapidement examinée. Elle a été opérée deux jours après sa naissance et n’a miraculeusement eu, aucune séquelle. C’est comme si je lui avais donné la vie deux fois commentera Françoise. Du coup, elle et son compagnon ont préféré ne pas avoir d’autre enfant.
Dès que je peux, je vais la voir, la chercher à la sortie de l’école. J’assiste à chaque moment important de sa vie. Pas seulement pour la soutenir… Souvent, je me poste dans l’ombre et l’observe à la dérobée. J’ai une peur bleue qu’on me la vole justifie Françoise mais j’aime aussi la regarder, entendre son rire. Françoise aime s’abandonner à ce bonheur simple. Elle n’en croit pas sa chance d’avoir une fille et de la voir heureuse, elle, dont l’enfance n’est pas parsemée que de bons souvenirs.
Les moments les plus difficiles ?… C’est durant les vacances scolaires, car Océane part chez ses grands-parents à Châlon-sur-Saône, soupire Françoise. C’est loin de Besançon et Françoise vit mal ces « prises de distance ». Tous les jours, elle lui téléphone et évite de franchir le seuil de sa chambre. Aller dans sa chambre quand elle n’y est pas, je ne peux pas, ça me donne le cafard. Ma fille, c’est toute ma vie, mais qu’on ne me dise pas que je l’aime de trop, on n’aime jamais trop son enfant. A la rigueur, je peux entendre qu’il me faudra, un jour, la laisser voler de ses propres ailes, c’est normal. Mais l’immense amour que j’éprouve pour elle, restera intact. Sur ce point, comme toutes les mamans du monde, Françoise n’a aucun doute. FMB

Source: http://www.besancon.fr/
HANDI-Actu, Le journal des associations du handicap