Témoignage. Appel à fédérer par Peggy Martin

Une jeune mère du vignoble appelle les pères et mères handicapés à se fédérer. Pour, qu’ensemble, ils fassent reconnaître leurs difficultés et leur statut d’handiparent.

« Vous n’avez qu’à faire placer votre fille si vous ne pouvez pas vous en occuper. »
 Quelle maman peut supporter pareils propos ? Peggy Martin les a pourtant bien entendus lorsqu’elle a frappé aux portes des organismes sociaux. À 30 ans, elle est mère d’une petite Apolline de 15 mois. Une maladie orpheline la paralyse du côté gauche, des traitements lourds l’épuisent. Cette habitante de La Remaudière, dans le vignoble nantais, entend dénoncer le vide juridique qui veut que les parents handicapés n’aient pas de statut et donc pas de soutien adapté. Elle raconte : « J’ai droit à une aide à domicile de six heures par semaine. Si je glisse en faisant ma toilette, la personne me relève. En revanche, si ma fille tombe, elle ne peut pas intervenir. C’est aberrant, je suis maman, pas seulement handicapée ! »

« C’est kafkaïen ! »

Ce jour-là, elle a laissé son fauteuil chez elle, sa canne suffit. Signe que la forme n’est pas trop mauvaise. Volubile, remontée mais pas aigrie, Peggy Martin évoque son difficile quotidien sans se plaindre. Comme les enfants de son âge, la malicieuse Apolline « qui court dans tous les sens » exige un maximum d’attention. Parfois, Peggy ne peut pas se lever. Son mari, qui travaille à domicile, s’occupe aussi de son épouse et de sa fille. « Il est exténué. Un décret, un rajout dans des dispositifs légaux nous faciliterait la vie et ferait faire des économies à la société. »

Dès le début de sa grossesse, elle a remué ciel et terre. Maison départementale des personnes handicapées, Caf, Protection maternelle et infantile, conseil général, « tous se renvoient la balle, c’est kafkaïen ! On m’a dit : vous n’avez qu’à faire changer la loi ». Elle s’y emploie.

« Soulever ce voile de honte »

Sur les conseils de Serge Poignant, député du vignoble, « qui m’a écoutée », elle invite les parents concernés par une invalidité temporaire ou définitive à se faire connaître, « il faut se fédérer et créer une association ». En trois semaines, elle a reçu une trentaine de témoignages. « Avant tout, ces personnes pensent ne pas être de bons parents. Il faut soulever ce voile de honte pour agir. Moi, j’ai fait mon chemin, je dis aujourd’hui que je suis une maman différente et que j’ai aussi droit à une maternité heureuse. »

Peggy Martin vient d’apprendre qu’une aide de deux heures le mercredi pour Apolline lui a été accordée, grâce à la pugnacité d’une puéricultrice qui a su contourner les textes. « Cela reste du bricolage. Il faut un cadre officiel. » En attendant, Peggy s’accroche. « J’ai envie de vivre et de faire encore plus. Pour Apolline. »

Magali GRANDET.

Souce: Ouest-France
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