Interview de Béatrice Chamois – Sage femme handicapée et maman

Albi. Pas facile la vie d’une maman aveugle

Nathalie Sarrazin, qui habite route de […], ne sait pas comment emmener son fils à l’école Salvan-de-Saliès.


Il s’avoue « épuisé par un nombre de coups de téléphone incroyable. Usé par tous ces efforts », Éric Morano n’a toujours pas de solution. Quel est donc ce problème si complexe que personne n’arrive à résoudre ?
Tout simplement accompagner à l’école Salvan-de-Saliès dans le centre-ville Maxime, qui est en CM2. « J’ai téléphoné à la mairie d’Albi, qui m’a renvoyé sur Albibus, qui m’a renvoyé vers la communauté d’agglomération de l’Albigeois (C2A), qui m’a renvoyé vers le centre communal d’action sociale (CCAS), qui m’a renvoyé vers le conseil général, qui m’a renvoyé vers les assistantes sociales de l’inspection d’académie… Au final, on m’a dit que ce n’est pas possible… »
Un sac de nœuds qui illustre les difficultés rencontrées au quotidien par les handicapés. Maxime ne l’est pas, mais sa maman, Nathalie Sarrazin, 41 ans, est aveugle. Ils se sont installés à « La Faïencerie », route de Fréjairolles, dans la maison dont Éric Morano est propriétaire. Le premier arrêt de bus est à 500 mètres, à l’école des Mines. Éric Morano, « qui se sent responsable », ne veut pas les laisser y aller à pied. Les voitures vont vite, rendant cette départementale dangereuse. « Plusieurs fois, on m’a frôlée », témoigne Nathalie Sarrazin, qui s’y est aventurée avec Prunelle, sa chienne guide. C’est d’autant plus risqué que Nathalie est enceinte de sept mois.
Un bus du conseil général passe devant « La Faïencerie », mais il ne prend que les collégiens hors agglomération. Les transports scolaires de la C2A ne peuvent aller chercher Maxime. Eux aussi sont réservés « aux collégiens et lycéens. Accepter un primaire serait une faute grave. On serait responsables en cas d’accident. Les nouvelles lignes de transports à la demande ? On ne peut affréter un bus pour un seul gamin », avance Louis Gombaud, l’élu aux transports, qui suggère « une aide-ménagère ». Cuisinier à l’Afpa, Éric Morano ne peut emmener chaque fois Maxime à l’école, car il n’a pas les mêmes horaires.
En désespoir de cause, Maxime utilise le service de transports de personnes à mobilité réduite (TPMR) de la C2A, mais comme il n’est pas handicapé, il n’y a théoriquement pas droit, à moins que sa mère fasse les trajets avec lui. Résultat, ça leur coûte 4 euros par jour. Trop cher. « Nathalie perçoit moins d’aides depuis qu’elle vit avec moi, dit Éric Morano. On considère que je peux subvenir à ses besoins. Je le fais, mais je ne gagne que 1100 euros pas mois. Elle aurait intérêt à rester seule. C’est comme pour le bébé que nous allons avoir. C’est tout à fait possible, car la cécité n’est pas héréditaire. Mais cela va engendrer quelques complications dans la vie de tous les jours. On nous a prévenus, je ne dirais pas qui : « Vous prenez vos responsabilités… » »

«Quelqu’un qui en veut»

« Elle s’est occupée seule de son fils. C’est quelqu’un qui en veut… » Nathalie Sarrazin fait l’admiration d’Éric, son compagnon depuis deux ans. Nathalie a perdu la vue à l’âge de 12 ans. Après une leucémie, les rayons lui ont brûlé la rétine. Cette Albigeoise a appris à « vivre normalement », malgré son handicap. « Elle fait sa cuisine, son courrier, ses comptes avec ses relevés en braille… » Toujours de bonne humeur, c’est merveilleux de la regarder faire avec Prunelle, sa chienne de huit ans (« c’est ses yeux »), qui la guide « la pharmacie, à la boulangerie et essaie même de lui éviter les flaques d’eau » !

Source: http://www.ladepeche.fr
Publié le 01/10/2007 13:13 | Alain-Marc Delbouys

Maman handicapée visuelle, handi-actu Besancon

Françoise Dallerey est handicapée visuelle. Son oeil droit est inopérant. Grâce à une lentille de contact, sa visibilité, sur l’oeil gauche, avoisine les trois dixièmes. C’est peu, mais suffisant, affirme t-elle. Cela suffit, par exemple, à être autonome dans la maison et à être capable d’exercer un métier qui exige de la précision comme c’est le cas au CHAT du CCAS* de Besançon, mais aussi et surtout, pour s’occuper de sa fille Océane, 10 ans – comme si de rien n’était…
Tant bien que mal, Françoise combat son handicap.

Depuis toujours, Françoise déploie beaucoup d’efforts pour faire en sorte que son handicap passe inaperçu et n’occasionne aucune gêne pour son entourage. Ce n’est pas toujours réaliste reconnaît Françoise : Océane a bien compris que je n’arrive pas à lire les panneaux d’affichage du train et que les petits caractères du programme télé sont mes ennemis… Mais le pire, c’est lorsqu’ Océane était bébé, j’ai voulu lui couper les ongles de pieds…et j’ai coupé un bout de peau… ». Depuis, c’est le papa d’Océane qui a pris le relais. Idem pour le récit de « l’histoire du soir ». Car Françoise doit éviter de « forcer sur son oeil ». Cela dit, cela ne l’a jamais empêchée de préparer les biberons, l’oeil rivé aux unités de mesure… En effet, Françoise déteste plus que tout déléguer ce qui a trait à sa fille. Au mieux, elle tolère qu’Océane lui donne la main pour l’aider à arpenter certains sites, comme dernièrement à Consolation* où elle distinguait la surface de la montagne, mais pas le relief… Aux dires de leurs proches, Françoise et Océane sont deux bouts de femmes qui entretiennent une relation très fusionnelle, très complice.
Depuis Océane, c’est la fête des mères tous les jours
Depuis, qu’Océane est entrée dans la vie de Françoise, c’est un peu la raison d’être de bonne humeur de la famille. Océane n’est pas avare en câlins et ça tombe bien parce que c’est le genre de témoignages d’affection que sa maman adore.
Océane est son trésor le plus précieux, doublement précieux puisqu’elle ne lui a pas transmis son handicap de vision, ni celui de son papa. Un point très important, avouera Françoise. A l’écouter parler de sa fille, on dirait que contempler son enfant suffit à son bonheur. Cette fascination, Françoise l’a éprouvée depuis l’instant où, à la maternité, elle a posé pour la première fois ses yeux sur sa fille. Dès les premiers instants de sa vie, Océane a fait de légères convulsions. C’étaient les prémices d’une hémorragie cérébrale et Françoise qui a donné l’alerte a tout fait pour qu’elle soit rapidement examinée. Elle a été opérée deux jours après sa naissance et n’a miraculeusement eu, aucune séquelle. C’est comme si je lui avais donné la vie deux fois commentera Françoise. Du coup, elle et son compagnon ont préféré ne pas avoir d’autre enfant.
Dès que je peux, je vais la voir, la chercher à la sortie de l’école. J’assiste à chaque moment important de sa vie. Pas seulement pour la soutenir… Souvent, je me poste dans l’ombre et l’observe à la dérobée. J’ai une peur bleue qu’on me la vole justifie Françoise mais j’aime aussi la regarder, entendre son rire. Françoise aime s’abandonner à ce bonheur simple. Elle n’en croit pas sa chance d’avoir une fille et de la voir heureuse, elle, dont l’enfance n’est pas parsemée que de bons souvenirs.
Les moments les plus difficiles ?… C’est durant les vacances scolaires, car Océane part chez ses grands-parents à Châlon-sur-Saône, soupire Françoise. C’est loin de Besançon et Françoise vit mal ces « prises de distance ». Tous les jours, elle lui téléphone et évite de franchir le seuil de sa chambre. Aller dans sa chambre quand elle n’y est pas, je ne peux pas, ça me donne le cafard. Ma fille, c’est toute ma vie, mais qu’on ne me dise pas que je l’aime de trop, on n’aime jamais trop son enfant. A la rigueur, je peux entendre qu’il me faudra, un jour, la laisser voler de ses propres ailes, c’est normal. Mais l’immense amour que j’éprouve pour elle, restera intact. Sur ce point, comme toutes les mamans du monde, Françoise n’a aucun doute. FMB

Source: http://www.besancon.fr/
HANDI-Actu, Le journal des associations du handicap